Printemps et tiques, une réflexion éthique pour mieux protéger nos chiens
- maguiebilodeau13
- 7 avr.
- 11 min de lecture

Avec l’arrivée du printemps revient aussi la saison des tiques : ces petits acariens peuvent transmettre des maladies comme la maladie de Lyme, et il est tout à fait normal que cela inquiète de nombreux propriétaires de chiens. Dans cet article bienveillant et sans jugement, je vous invite à réfléchir aux gestes préventifs à adopter — car aucun traitement, chimique ou naturel, n’est efficace à 100 % — et à considérer les enjeux éthiques et sanitaires avant de choisir la meilleure protection pour votre compagnon face à chaque piqûre de tique.
Tout d’abord, il est crucial de garder à l’esprit qu’aucun traitement, qu’il soit « naturel » ou chimique (c’est-à-dire un antiparasitaire vendu en clinique vétérinaire ou en animalerie), n’offre une protection à 100 %. La plupart des antiparasitaires systémiques (Bravecto, Nexgard, Simparica, Revolution, etc.) ne sont pas des répulsifs : ils nécessitent que la tique morde et commence à se nourrir du sang pour l’ingérer et mourir, souvent dans les 24 heures suivantes. Certains produits topiques contiennent des molécules répulsives qui peuvent dissuader la tique de s’accrocher, mais leur efficacité décroît rapidement avec le temps et dépend de la bonne application du produit. En pratique, cela signifie qu’une tique peut tout de même réussir à se fixer et transmettre des agents pathogènes avant d’être tuée. C’est pourquoi aucune méthode ne se suffit à elle-même : la prévention efficace repose toujours sur une combinaison de gestes — inspection régulière, retrait rapide, choix réfléchi de produits et adaptation de nos habitudes selon le risque.
Ces molécules ne sont pas anodines. L’isoxazoline — présente dans des produits comme Bravecto, Nexgard, Simparica ou Credelio — a été associée à des effets secondaires graves : convulsions pouvant évoluer en crises d’épilepsie irréversibles, troubles neurologiques, perturbation du microbiote intestinal (notre « deuxième cerveau »), réactions allergiques sévères, problèmes digestifs, dysfonctionnements endocriniens, et, à long terme, un risque accru de maladies chroniques inflammatoires, voire de certains cancers. Une fois que ces dommages se déclarent, il est souvent trop tard pour revenir en arrière. Sur le plan environnemental, des études ont démontré que ces pesticides systémiques tuent des pollinisateurs et perturbent la biodiversité, jusqu’à affecter les oisillons dont les parents utilisent ces molécules contenues dans les poils pour tapisser leur nid. Pire encore, presque aucune étude n’a véritablement évalué leur impact sur les chiennes gestantes, allaitantes ou les chiots en pleine croissance — des populations particulièrement vulnérables. Il est donc essentiel de tenir compte de ces données avant de choisir un traitement préventif.
Avec tout ce qui précède, vous vous doutez sûrement que moi, en tant qu’éleveuse éthique profondément soucieuse de la santé de mes chiens, ma réflexion s’arrête assez rapidement quand il est question d’utiliser des antiparasitaires chimiques sur mes reproducteurs. On parle ici de molécules puissantes, avec très peu d’études sur leurs effets chez les chiennes gestantes, allaitantes ou en croissance, et encore moins sur leurs répercussions à long terme. Honnêtement, je ne peux pas prendre ce risque-là. Par contre, je ne veux pas m’arrêter simplement à ce constat. Mon but ici, c’est de vous offrir une réflexion plus large, de vous amener à voir les choses dans leur ensemble et à mieux comprendre les risques réels — pas juste ceux que le marketing nous met de l’avant. Oui, il existe des méthodes naturelles alternatives, et j’y reviendrai plus loin. Mais avant toute chose, il faut bien comprendre les vrais risques liés aux tiques.
Premièrement, il faut savoir que lorsqu’un chien se fait piquer par une tique porteuse de la maladie de Lyme, il a environ 5 à 10 % de chance de développer des symptômes. Donc, même en l’absence de traitement, 90 à 95 % des chiens exposés à la bactérie de Lyme ne développeront jamais de signes cliniques. Ils peuvent rester porteurs sans jamais tomber malades. C’est une donnée essentielle à garder en tête, surtout lorsqu’on pèse les risques et les bénéfices d’un traitement.
Mais dans les cas où un chien développe bel et bien la maladie, les symptômes peuvent inclure :
une boiterie intermittente (souvent changeante d’une patte à l’autre),
de la fièvre,
de la fatigue ou une baisse d’énergie,
une perte d’appétit,
des douleurs articulaires,
des ganglions enflés,
et, plus rarement, des atteintes rénales graves.
La détection précoce et un traitement antibiotique approprié permettent dans la majorité des cas une bonne récupération. C’est donc essentiel de surveiller attentivement son chien dans les semaines qui suivent une piqûre de tique, même si un traitement antiparasitaire a été administré. Pourquoi ? Parce qu’aucun produit, qu’il soit chimique ou naturel, n’est efficace à 100 % — et cela est reconnu ouvertement par les compagnies elles-mêmes. Certaines tiques peuvent tout de même piquer, transmettre des maladies, ou encore ne pas être tuées immédiatement, ce qui laisse une fenêtre de temps suffisante pour qu’une infection se développe. Peu importe le choix de protection, la vigilance reste notre meilleur outil.
Aujourd’hui, avec les changements climatiques, on observe une expansion significative des tiques à pattes noires (les principales responsables de la transmission de la maladie de Lyme), et plusieurs zones du Québec sont désormais considérées comme épidémiques. De plus, avec la hausse des déplacements de plus en plus fréquents avec nos chiens à travers les régions — voire à l’extérieur du pays — il devient d’autant plus essentiel de ne pas se fier uniquement à un traitement antiparasitaire pour se sentir en sécurité. Croire que son chien est entièrement protégé simplement parce qu’il a reçu un comprimé ou un produit topique, c’est malheureusement se mettre la tête dans le sable.
Même avec un traitement chimique dit “ON”, les tiques peuvent toujours piquer, et les risques, bien que moindres, demeurent. Aucun traitement, rappelons-le, n’offre une garantie absolue, et certains comportent des effets secondaires graves. Il est donc impératif, à mon avis, d’adopter une approche globale de prévention, en adaptant nos habitudes de vie selon la saison, les lieux fréquentés et les niveaux de risque.
Ce qu’on oublie souvent aussi, c’est que la maladie de Lyme est bien plus problématique pour l’humain que pour le chien. Alors que seulement 5 à 10 % des chiens développeront des symptômes, jusqu’à 90 % des humains infectés présenteront des manifestations parfois graves. C’est pourquoi les recommandations gouvernementales sont claires : portez des vêtements longs et pâles, rentrez le chandail dans le pantalon, les pantalons dans les chaussettes, restez dans les sentiers, inspectez votre corps et celui de vos enfants et de vos animaux après chaque promenade, utilisez des répulsifs sécuritaires, et évitez les herbes hautes, etc.
Si l’humain est appelé à modifier ses habitudes pour mieux se protéger, pourquoi ne pas faire de même pour nos chiens ? La clé de la prévention durable, pour eux comme pour nous, passe par nos comportements. C’est là que commence une vraie réflexion éthique et responsable.
Moi, ce que je fais — et ce que j’aime aussi partager avec mes clients — c’est qu’il est tout à fait possible d’adapter sa routine extérieure selon la saison et le risque, sans priver son chien de plaisir ou de liberté. En hiver, dès que les températures se stabilisent sous les 4 °C, je profite pleinement de cette période où le risque de tiques est quasi nul dans mon secteur : je laisse alors mes chiens courir en liberté en forêt, bien protégés du vent au cœur de la nature. Mais au printemps, dès que le mercure grimpe au-dessus de 4 °C, je change ma routine. Je privilégie les sentiers dégagés, j’attache mes chiens, et j’en profite pour faire de l’obéissance active, du canicross ou du bikejoring, etc. J’aime aussi explorer des endroits plus secs et entretenus, comme les champs fauchés ou bien drainés, où les tiques sont beaucoup plus rares. À la maison, j’apprends à mes chiens à éviter d’entrer dans les sous-bois. Je leur offre alors d’autres découvertes : des promenades en village, sur le bord de l’eau ou dans des parcs urbains avec de beaux sentiers. Je sors parfois ma longe pour leur permettre de bouger tout en restant dans des zones à risque plus bas. J’évite soigneusement les milieux humides, les zones d’herbes hautes, de broussailles épaisses ou couvertes de feuilles mortes, qui sont des refuges idéaux pour les tiques.
Il est également crucial de tenir compte des températures dans votre routine : les tiques à pattes noires sont très actives entre 7 °C et 21 °C, voient leur activité diminuer dès 22 °C–25 °C, et deviennent quasiment inactives au‑delà de 27 °C, se réfugiant dans la litière pour éviter la déshydratation. Autrement dit, vous pouvez vous permettre plus de liberté avec votre chien lors des fortes chaleurs estivales, mais soyez particulièrement vigilants au printemps (10–20 °C) et à l’automne (10–18 °C), périodes de risque maximal.
En ajustant simplement nos habitudes, on peut profiter de chaque saison tout en limitant les risques pour nos chiens — et pour nous-mêmes.
Mais au-delà de l’adaptation de nos sorties, il est essentiel d’adopter une routine de retour à la maison — pour nous autant que pour nos chiens. Après chaque balade, surtout en saison à risque, je prends toujours le temps de m’examiner de la tête aux pieds, incluant les cheveux, le cuir chevelu, les plis de peau et les vêtements. Mes enfants aussi passent par cette inspection systématique. Nos chiens ne font évidemment pas exception ! Une fois à la maison, je commence par un examen visuel et tactile minutieux, en portant une attention particulière aux zones chaudes et humides comme la tête, les aisselles, le cou, les oreilles, l’aine, entre les orteils et sous la queue. J’utilise souvent un peigne fin à puces, qui est très efficace pour déloger les petites tiques cachées dans le pelage. Un rouleau collant pour les vêtements peut aussi être très pratique, surtout pour les chiens à poils courts. Chez moi, j’utilise parfois un séchoir à cheveux en mode tiède, en le dirigeant à rebrousse-poil : cela aide à déloger les tiques qui ne sont pas encore accrochées. Certaines tiques mettent plusieurs heures avant de piquer — c’est le moment idéal pour les repérer avant qu’elles ne s’attachent. En mettant en place cette petite routine simple et rapide, on peut grandement réduire le risque de transmission de maladies, tout en gardant un moment de connexion agréable avec notre chien après chaque sortie.
Et si une tique s’accroche malgré toutes les précautions ? Pas de panique, mais il faut agir rapidement et correctement. Chez le chien comme chez l’humain, le premier réflexe est de retirer la tique le plus rapidement possible, avec un crochet à tique (comme le Tick Twister) ou une pince fine adaptée. On glisse doucement l’outil entre la peau et la tique, sans tirer, en faisant un mouvement de rotation pour la déloger sans l’écraser. Il ne faut jamais utiliser de substances comme de l’huile ou de l’alcool pour essayer de la faire lâcher : cela peut augmenter le risque de transmission de la bactérie.
Une fois retirée, on désinfecte bien la zone, on prend en note la date, le lieu de la piqûre, et on conserve la tique dans un petit contenant hermétique. Cela peut être utile si des symptômes apparaissent par la suite. Surveille la zone pendant plusieurs jours. Si on remarque une rougeur qui persiste ou s’étend, ou pire encore un rond rouge (érythème migrant), il faut noter tout signe suspect et en parler à votre vétérinaire. Même si ce rond caractéristique est moins fréquent chez les chiens, une rougeur au site de la piqûre ou tout changement local devrait être pris au sérieux, surtout chez l’humain.
Du côté humain, si une tique est restée accrochée plus de 24 heures ou si on suspecte une tique porteuse de Lyme, il est possible de se procurer un antibiotique préventif en vente libre au Québec — la doxycycline 200 mg — dans certaines pharmacies. Il faut le prendre rapidement (dans les 72 heures suivant la piqûre), selon un protocole bien établi, et idéalement après avoir consulté un pharmacien.
Pour nos chiens, il n’existe pas d’antibiotique en vente libre, mais il est important d’être proactif. Si ton chien a été piqué par une tique et que tu constates un symptôme quelconque — boiterie intermittente, fièvre, perte d’énergie, inconfort articulaire — contacte ton vétérinaire rapidement. Il pourra te proposer un test de dépistage appelé Snap 4Dx, à effectuer 4 à 6 semaines après la piqûre, car il faut un certain délai avant que les anticorps soient détectables. Ce test peut aussi être fait de manière préventive une fois par année, à l’automne de préférence, pour les chiens à risque ou exposés régulièrement aux tiques.
L’important, c’est d’agir vite, d’observer ton chien avec attention, et de documenter chaque piqûre. Une réaction rapide et un bon suivi font toute la différence.
Et maintenant, parlons des options naturelles. On a souvent l’impression qu’il n’existe que deux choix : ne rien mettre du tout… ou donner des produits chimiques puissants à nos chiens. Pourtant, il existe plusieurs alternatives naturelles qui peuvent grandement contribuer à réduire les risques, sans exposer nos compagnons à des molécules aux effets secondaires potentiellement graves.
L’approche naturelle repose sur plusieurs piliers, et c’est la combinaison de ceux-ci qui donne les meilleurs résultats :
1. Renforcer le système immunitaire : Un chien en santé, bien nourri, avec une flore intestinale équilibrée, aura un terrain plus résistant aux infections. Une bonne alimentation, des suppléments adaptés et une hygiène de vie saine aident énormément à ce niveau.
2. Utiliser des répulsifs naturels : Il existe plusieurs sprays répulsifs à base d’huiles essentielles (comme le géranium rosat, la lavande fine, le cèdre ou la citronnelle) spécialement formulés pour les chiens. On les applique avant les promenades, surtout au printemps, en été et à l’automne, sur le poil, les pattes, le cou et les flancs. Ces produits sont efficaces en prévention, à condition d’être utilisés de manière constante, et de renouveler l’application aux deux heures pendant nos balades. Ici coup de cœur pour le Peke Secret 007.
3. La médaille Tickless : Ce pendentif naturel, basé sur des fréquences vibratoires, est conçu pour agir comme répulsif énergétique contre les tiques et les puces. Il ne contient aucun produit chimique, ne dégage aucune odeur, et fonctionne généralement sur une durée de 12 mois. De nombreux utilisateurs constatent une baisse marquée des infestations, de notre côté on combine la médaille Tickless avec le Peke Secret 007.
4. Le collier E.M. : Ce collier fabriqué avec des perles de céramique EM (micro-organismes efficaces) agit sur la fréquence vibratoire du chien et peut aider à rendre le terrain moins attractif pour les tiques. Il est 100 % naturel, et compatible avec les autres méthodes naturelles.
5. Les produits Heart : Bouclier de L’extérieur : Compagnie québécoises qui offrent des formules naturelles en complément alimentaire, conçues spécifiquement pour renforcer la peau et le système immunitaire, tout en créant un environnement peu attirant pour les parasites. Leur efficacité est reconnue par plusieurs familles de chiens actifs, notamment celles qui passent beaucoup de temps en forêt.
6. Entretenir son terrain : Garder la pelouse courte, couper les herbes hautes, éviter les broussailles près des zones de passage et créer des sentiers dégagés contribuent à réduire le nombre de tiques dans l’environnement immédiat.
7. Pour lutter contre les tiques sur votre terrain, vous pouvez utiliser de la terre de diatomée, et si vous avez des poules, elles sauront également très bien s'en débarrasser naturellement.
L’approche naturelle demande un peu plus d’attention et de constance, mais elle respecte la santé globale de l’animal et s’intègre très bien dans une routine équilibrée. Elle permet aussi d’éviter les effets secondaires lourds associés aux molécules chimiques, tout en gardant une excellente qualité de vie pour les chiens actifs.
En conclusion, j’espère sincèrement que vous avez appris certaines choses en lisant cet article, que ça vous apportera des pistes de réflexion utiles et, surtout, l’envie de vous informer davantage. En bas de l’article, je vous ai mis quelques liens et ressources fiables pour approfondir vos connaissances et continuer à bâtir vos propres repères.
Gardez toujours en tête que la vigilance est essentielle – encore plus pour vous que pour vos chiens. La maladie de Lyme peut avoir des conséquences lourdes sur la santé humaine, et avec le réchauffement climatique, l’expansion des tiques à pattes noires est une réalité à laquelle on ne peut plus fermer les yeux. Adapter nos routines en fonction des saisons, des températures et des zones que l’on fréquente devient une évidence.
Je suis aussi très consciente que certaines régions sont plus à risque que d’autres, et que cela peut parfois sembler contraignant. Mais sachez qu’il existe des solutions, des alternatives naturelles, et des façons d’adapter nos habitudes pour protéger nos chiens sans les priver de liberté ni nuire à leur santé. Oui, les produits chimiques peuvent être efficaces, mais ils ne sont pas sans conséquences, particulièrement à long terme.
Et surtout, souvenez-vous : le plus important, c’est d’agir rapidement. Ayez toujours une pince à tiques spécialisée à portée de main, désinfectez bien après chaque retrait, notez la date, surveillez les symptômes, et parlez-en à votre vétérinaire si vous avez le moindre doute. Intégrer ces gestes à votre quotidien dès la fin mars ou le début avril, c’est une base solide pour traverser la belle saison en toute tranquillité.
Merci de m’avoir lue jusqu’ici. Bonne réflexion, et prenez soin de vous – et de vos compagnons à quatre pattes
https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/5746/tiques-pattes-noires-ixodes-scapularis-maladie-lyme
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